Isa Bernardini : Écris-tu depuis longtemps Catherine ?
Catherine Michaud : Oui, j’ai toujours écrit car je suis une littéraire dans l’âme. Ma première passion, aussi loin que je me souvienne, a toujours été la lecture et l’écriture. Me destinant à une carrière de journaliste, j’ai effectué des études de lettres/sciences politiques. A cette époque, seule la presse écrite était réellement en vigueur. La télévision et la radio avaient une place secondaire, internet n’existait pas et nous rêvions toutes et tous d’obtenir un jour le prix Albert Londres, le Graal des journalistes !
Devenir correspondante de guerre était mon ambition pour écrire et témoigner des faits vus et vécus. N’ayant pas accédé au métier de journaliste, je me suis orientée vers la communication : l’écriture m’est devenue familière que ce soit en terme de conseil stratégique pour les entreprises , de rédactionnels en communication interne ou externe , de dossiers/ communiqués de Presse ou bien de mises en place de campagnes de publicité.
IB : Quels étaient ton/tes métier et/ou tes études d’origine ?
CM : Comme je l’ai dit précédemment, j’ai fait des études de lettres ainsi que Sciences-Po et ce pour devenir journaliste. J’ai créé ma propre agence de communication à Paris, spécialisée en Relation Publique, au début des années 80. Mon agence étant généraliste, j’ai géré aussi bien des budgets de PME, principalement dans l’agro-alimentaire et le tourisme que des grands comptes comme EDF- GDF, SNCF, CNAM, UNESCO, etc. … Pendant deux ans, j’ai également travaillé à l’élaboration des premières lois sur la Bioéthique en collaboration avec Matignon.
En arrivant à Bordeaux en 1994, j’ai occupé rapidement des fonctions de DRH et Directrice de la Communication successivement dans deux grands groupes immobiliers.
IB : Comment te vient l’inspiration, quelle qu’elle soit, aussi bien pour une pièce de théâtre que pour un livre ou une nouvelle ?
CM : Je n’ai pas réellement d’inspiration dans le sens où je suis plutôt une femme qui va mettre des mots les uns après les autres pour exprimer des ressentis, évoquer des rencontres, raconter un témoignage. C’est en cela que mon écriture est concise et percutante comme peut l’être un article. La journaliste en devenir est toujours là… J’écris également des textes de chansons, de la même façon. Fulgurante. Je raconte plus une histoire qui souvent m’est propre et je la romance, bien sûr, car l’imaginaire rentre alors en ligne de compte.
C’est ce qui s’est passé pour « Quatorze Millimètres » qui au départ est une histoire vécue mais dont l’écriture particulière a permis une adaptation théâtrale. Je suis toujours émerveillée par les « vrai(e)s auteur(e)s » que je lis, qu’ils (elles) soient contemporain(e)s ou classiques et dont l’inspiration est envoûtante, comme un parfum, puisqu’elle aboutit à des récits sortis uniquement de leur imagination. C’est cela la magie de l’écriture.
Dans le mot « imagination » il y a « magie ». En ce qui concerne « Quatorze Millimètres », je suis devenue ma propre héroïne, celle qui se bat comme une guerrière face à cette petite tumeur du sein si violemment destructrice de 14 mm mais je suis aussi celle qui pose les armes devant l’amour réparateur et guérisseur. « Quatorze Millimètres », c’est avant tout et surtout une sublime histoire d’amour fou et de résilience absolue.
IB : Lis-tu beaucoup Catherine ? :
CM : Oui je lis beaucoup et j’ai un gros budget livres (sourire). Mollat est ma destination favorite à Bordeaux ….
J’aime avoir un livre « papier » avec moi, le toucher, l’annoter, caresser la couverture, le regarder, l’ouvrir et le fermer. Et puis l’ouvrir de nouveau. Le poser sur mon lit, sur une table, près d’une cheminée l’hiver, sur le sable l’été. Venir le rechercher. Le retrouver comme un(e) ami(e) que l’on n’a pas vu(e) depuis quelque temps. Il y a beaucoup de sensualité dans le contact que l’on peut avoir avec un livre. Récemment, j’ai lu « Crossroads » de Jonathan Franzen, un des plus grands romanciers américains de sa génération. Un récit coup de poing peuplé de personnages complexes et démesurés dans leur singularité. Paul Auster, figure centrale de la scène culturelle new-yorkaise et qui a commencé à écrire dès l’âge de 13 ans pour s’imposer vingt ans plus tard comme une référence de la littérature postmoderne, me fascine toujours et encore par l’immense qualité de son œuvre centrée sur l’analyse de la société américaine.
Eric-Emmanuel Schmitt est un de mes écrivains contemporains français favoris. Je termine en ce moment le troisième tome de « La traversée des temps- Soleil sombre ». Un univers enchanteur et la quête de l’amour parfait. Tahar Ben Jelloun, un des plus grands conteurs de notre époque, dont « l’Enfant de sable » semble être tout droit sorti des Mille et Une Nuits. Il y en a tant d’autres qu’on ne peut tous(te)s les citer : c’est pour cela que pour moi l’écriture et la lecture sont le sel et le miel de la vie.
Un livre, c’est un compagnon. Un soir où je dînais seule dans un restaurant un couple est passé devant moi. La femme s’est arrêtée et m’a dit, intriguée : « Ça va bien, Madame ? Cela ne vous dérange pas de manger seule, vous ne vous ennuyez pas ? ». Il n’y avait dans ce lieu que des couples ou des familles. Je lui ai répondu : « Non, je ne m’ennuie pas, je ne suis pas seule, je dine avec mon livre ».
IB : T’inspires-tu de la réalité ?
CM : Oui évidemment puisque je n’ai écrit jusqu’à présent que des témoignages. Je ne suis pas certaine de pouvoir écrire un roman « imaginé ». Mais pourquoi pas ? J’ai bien écrit une pièce de théâtre, ce qui était totalement inattendu, et j’ai très envie de renouveler ce genre.
IB : Es-tu influencée par d’autres auteurs ?
CM : Non, car je ne me considère pas comme une écrivaine au sens propre du terme. J’ai juste écrit une nouvelle « Jules » sur la perversion narcissique (Editions du Net), toujours commandée et lue par des professionnels et « Quatorze Millimètres », qui a été adapté au théâtre.
La pièce reprend d’ailleurs cette année.
Je suis donc encore une « débutante » (sourire) mais je compte bien poursuivre car c’est un plaisir absolu d’écrire et encore plus quand vos mots sont interprétés par une comédienne sur une scène. Là aussi, c’est la magie du spectacle vivant. Et je n’ai qu’une envie : continuer. Deux projets de pièces sont dans mes tiroirs mais pour l’instant je donne la priorité à la reprise de « Quatorze Millimètres » sur les planches.
L’écriture est avant tout une aventure.
IB : Merci beaucoup Catherine pour le temps que tu m’as accordé. J’ai passé un excellent moment, très enrichissant. Lien vers mon retour : https://imonet.software/2023/02/25/resilience/
