Jeanne Faivre d’Arcier

Écrit et publie depuis 1993.

Elle a fait deux années de Lettres Classiques à Nanterre et étudié à Sciences Po Paris.

Son métier était chasseur de têtes pour l’industrie du luxe, les cosmétiques et la santé. Elle cherchait pour le compte de Dior ou Chanel, des « nez » qui créaient des parfums ou des « planeurs stratégiques » ou des médecins qui développaient des vaccins et des médicaments pour des labos pharmaceutiques comme Sanofi. Rien à voir avec la littérature, dit-elle.

L’inspiration c’est un processus de longue haleine, dit l’auteure. Elle tourne autour d’un sujet très longtemps avant de trouver l’axe qui va lui permettre de le traiter. Puis elle pense aux personnages. Il peut s’écouler un an ou deux avant qu’elle aborde le roman car dans l’intervalle, elle travaille sur un autre livre. « Cristal Noir « , son dernier roman noir pour adultes, a infusé une bonne année avant qu’elle commence à écrire. Et elle s’est aperçue après avoir fini le livre, que Cristal Noir était le nom de baptême que l’éleveuse avait donné à son schnauzer noir, mort en 2020, et qu’ils sont allés chercher dans l’Yonne en 2007. Donc, l’inconscient joue beaucoup, dit-elle. « Heureusement Chandler (c’était le nom qu’elle avait donné à son schnauzer en hommage à Raymond Chandler, le créateur du « Hard Boiled  » américain) a disparu une fois que mon livre a été fini, sinon, je crois que j’aurais été dans l’impossibilité de le mener à terme » dixit l’écrivaine.

Elle a écrit une vingtaine de livres, des romans noirs pour adultes, des polars jeunesse et des livres fantastiques autour des vampires pour les adultes et les ados.

Elle lit pas mal, plutôt la nuit, entre trois et cinq heures, ses moments d’insomnie. Mais là, s’y remet tout juste après une interruption de deux mois, où elle n’a lu que de la presse : la guerre en Ukraine et les élections avant la montée de l’extrême droite l’obsédaient. Là, elle prend un peu de recul et elle recommence à lire… des romans policiers historiques qui se passent en Allemagne dans les années 1930 et 40 et pendant la seconde guerre mondiale. « On disait « la seconde », mais ce sera peut-être la « deuxième  » avec une autre derrière dans les années qui viennent » assène-t-elle…

Oui Anne Rice lui a donné envie d’écrire sur les vampires. C’est l’auteur, entre autres d’«Entretien avec un vampire » interprété au cinéma par Tom Cruise et Brad Pitt.

Sinon elle est nourrie des classiques français. Zola surtout, elle a lu plusieurs fois les Rougon Macquart et Zola l’a sans doute influencée dans sa manière d’aborder un milieu social précis dans chacun de ses romans noirs. Il est, selon elle, l’inventeur avant tout le monde du roman enquête. Balzac l’a fait aussi dit-elle, mais elle le trouve moins moderne. Maupassant est à ses yeux un exemple de concision, d’efficacité et de bon goût. Italo Svevo est pour elle un modèle dans sa manière de nourrir ses personnages à travers une approche psychanalytique. Elle adore son humour décalé. Chez les auteurs Italiens elle adore Pavese, « Prima che il gallo canti » en particulier. Et son suicide dans un hôtel de Turin l’a longtemps fascinée. Il a passé sa dernière soirée à téléphoner à tous les journaux italiens pour s’assurer qu’ils avaient une bonne photo de lui avant de se donner la mort… cite-t-elle. Quant à Henry Miller, c’est un de ses vieux compagnons de route. Il a une énergie, un sens de la vie incroyables. Son insolence, son côté truculent la galvanisent. Elle a aussi abordé la littérature fantastique grâce aux grands maîtres de la terreur anglo-saxonne : Peter Straub, Dan Simmons, Stephen King pour citer les plus grands. Elle a une passion pour Colette depuis toute môme. « Le style est magnifique, l’écriture charnue, l’univers sensuel. Elle parle si bien des animaux. Et ses récits de tournées en province quand elle était comédienne et mime sont très émouvants, très justes : les petits matins blafards, les trains mal chauffés, les hôtels minables, les cachets maigrelets qui permettent à peine de survivre en faisant l’impasse sur les déjeuners, les amours médiocres entre deux portes, les rêves de gloire avortés… Et quel panache, quelle élégance, quelle insolence dans sa vie privée ! Elle a été une sorte de modèle inconscient pour moi », s’enflamme l’écrivaine.

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