Alain Cadéo

Il écrit « depuis que les mots existent … » assène-t-il d’un ton amusé. Il lui semble même se souvenir, c’est bien sûr une image, que ses premiers signes furent brouillons, calligraphies, tags premier langage fœtal sur les parois intra-utérines, le pariétal de nos pensées naissantes.

« Sur le débarcadère de l’enfance, on me livra ensuite tout l’alphabet. Je l’ai trouvé bien étriqué. Donner un nom à chaque image ne me suffisait pas, c’était comme incomplet… » Il veut dire par là que le langage que nous pratiquons a sans doute perdu un certain vibratoire à l’origine des grands mythes. Si « Au-début était le Verbe… » nous l’avons bien souvent dépouillé de sa magie primordiale et lui avons fait perdre beaucoup de sa saveur. Poésie et musique sont peut-être les seules capables de la retrouver.

C’est vers l’âge de dix ans qu’il tente d’assembler des mots pour en faire une histoire. Et ces histoires, péniblement, appliqué, il les écrit pour, les lisant, voir sourire sa mère.

Après des études au collège de Tivoli à Bordeaux, il obtiendra une maîtrise de Lettres Modernes à l’université d’Aix en Provence. Puis ce furent plusieurs petits métiers dans lesquels chaque fois il découvrait un nouveau langage. Mais très vite son intérêt se fixa sur et autour d’objets dérivés du sacré venant des quatre coins du Monde. Et il s’acharne à les trouver.

L’univers des marchands et des collectionneurs, sa fringale de rencontres, tout lui apporte et contribue à satisfaire son infinie curiosité. « Au-delà des objets, ce que j’aime le plus, c’est la manière dont certains savent en parler. Tout tourne autour de la parole. Le commerce, ses vérités et ses mensonges, sur tous les marchés de la planète, a toujours contribué à enrichir le langage. L’objet n’est rien s’il n’est pas habité par la voix, le rire et les commentaires des Hommes. »

Comment lui vient l’inspiration ? « Chaque matin, sans réfléchir. Je n’ai jamais eu l’angoisse de la page blanche. L’inspiration reste pour moi un très grand mystère… dit-il » Il évoque bien sûr la notion de subconscient, d’inconscient, « ces greniers de l’esprit », mais pour lui il semble qu’il y a autre chose dans ce mot. Cet autre chose il en parle comme d’un canal plus ou moins ouvert qui déverse son lot de richesses à qui veut bien cueillir ou accueillir l’immense tribu des Mots.  » Être inspiré c’est recevoir en joie, quotidiennement, sa part de blé provenant d’un inépuisable silo nourrissant l’univers… » Mais « recevoir » précise-t ’il, demande un effort d’absolue, de la disponibilité et une attention soutenue. Pour capter les mots il faut être à l’affût, silencieux et discret, se tenir à l’écoute d’une voix intérieure qui parfois nous confie d’étranges secrets.

Alain Cadéo a écrit vingt-cinq romans, textes, pièces de théâtre et quelques milliers de pages, « ses gammes » précise-t ‘il. Chaque esprit est un Steinway qu’il s’agit d’accorder au quart de ton, tous les jours, rajoute-t-il, si l’on veut échapper aux agressions mentales qu’inflige notre société.

L’auteur lit beaucoup, d’ailleurs il dit : « Il faut avoir énormément lu et fait bouillir le langage, le laisser décanter des mois et des années avant de se saisir de ce qui deviendra son propre style ». « Chaque auteur est le fruit de ce qui l’a précédé. Il ne fait qu’ajouter sa propre touche, sa griffe, un écho particulier à cette arche de Noé contenant tous les livres du Monde.

S’inspire-t-il de la réalité pour écrire ? Il répond : « Je crois que c’est Balzac qui un jour, agacé par le mot « réalisme », crut bon d’asséner à son interlocuteur : « Mais bon dieu, c’est quoi la réalité ? » Le réel est perçu par chacun d’entre nous d’une manière différente. L’intérêt de toute littérature ou de toutes formes d’art c’est d’ajouter une couleur particulière à ce kaléidoscope mouvant, vivant, que l’on nomme « Réalité ». Il n’y a pas si longtemps l’infiniment petit ou l’infiniment grand n’étaient pas perceptibles, ils ne pouvaient être conçus que par intuition. Étaient-ils pour autant inexistants ?

Le réel est sans frontières, sans limites. Il est en expansion permanente et ne dépend souvent que de notre capacité à imaginer, concevoir… l’impensable. (Dixit l’auteur).

https://www.editionslatrace.com/
l’auteur se trouve au n°8.

Le lien ci-dessous, un extrait du livre « Confessions » lu par l’auteur.

https://imonetsoftware.files.wordpress.com/2022/01/78d5a-79da04_dc7f247ce852414a9300f0f03b1e65c5.mp3

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