
Ce tableau de Van Gogh me parait parfait pour représenter l’ambiance et la noirceur du roman de RJ Ellory. Pourquoi ais-je choisi ce titre » Regrets » ? En lisant son livre vous comprendrez sûrement mais je peux juste vous dire que le héros principal de l’histoire en a beaucoup. Je vous donne mon avis de lecture ci-dessous :

Une saison pour les ombres
RJ Ellory

C’est mon deuxième livre de cet auteur et je suis toujours aussi impressionnée par son écriture.
L’histoire se passe au nord-est du Canada où il fait un froid polaire. Les températures avoisinent les – 30 degrés en hiver, cela dure huit mois et le soleil n’apparaît pas. À chaque page ce froid nous pénètre profondément, en tout cas, moi il ne m’a pas lâché.
Préparez-vous à faire, sans cesse, un bond en arrière de vingt-six ans et à revenir à nos jours, pour comprendre Jack Devereaux, le héros de ce roman. Un endroit où le moral est au plus bas autant par l’ambiance qui règne à Jasperville (une jeune fille a été retrouvée morte dans des conditions terribles) que par le fait que cette ville se trouve au milieu de nulle part. Les gens survivent surtout grâce au travail dans une exploitation industrielle d’un gisement de minerai de fer.
Ce livre n’est ni un polar ni un thriller, mais un roman noir. L’enquête policière est en arrière-plan et vous devrez attendre plus de la moitié de l’histoire pour que celle-ci démarre sur les meurtres (?) perpétrés sur des jeunes filles et femmes : sont-ils commis par un humain, un animal ou un être fantomatique issu de la culture indienne ?
Le sujet principal traité ici, est bien l’introspection non seulement de Jack mais aussi de celle des membres de sa famille, comme de sa mère. RJ Ellory décrit admirablement le sentiment et les pensées de la mère, Elisabeth, envers son mari Henri et son père William. J’ai pu ainsi lire et comprendre leur impression et leur solitude mais aussi leur superstition et leur culpabilité.
Ces quatre thèmes seront très souvent et très bien dépeints. L’auteur est maître dans l’art de la description des rapports humains, ses mystères, sa psychologie et il est reconnu pour cela.
Les protagonistes seront décortiqués au millimètre près pour nous faire entrer au plus profond d’eux-mêmes et ne pas nous faire perdre l’objectif principal : pourquoi Jack revient-t-il à Jasperville (il vivait désormais à Montréal) si ce n’est pour comprendre le geste terrible qu’a eu son jeune frère Calvis, maintenant détenu en prison ? Pourquoi l’accuse-t-on d’avoir tenté d’assassiner un homme ?
Jack Devereaux n’aura de cesse de se sentir coupable non seulement pour avoir laissé son petit frère, alors âgé de douze ans, seul, derrière lui mais aussi sa petite amie, Carine. À celle-ci, il avait promis de revenir la chercher, lorsqu’il aurait trouvé du travail et un toit, pour vivre ensemble leur amour. C’est donc un abandon de vingt-six années dont il s’agit.
Alors il va se souvenir encore et encore de tout ce qu’il a effectué et non accompli aussi, pour sa famille. Tout ce que son grand-père a voulu lui faire entendre et dont il n’a pas tenu compte, pour pouvoir comprendre son frère.
C’est seulement à la toute fin du livre que nous saurons ce qui s’est réellement passé. L’auteur a su me faire patienter jusqu’au dénouement, mais punaise, quelle ambiance, vite de la couleur !
À lire et n’ayez pas peur, « tout va bien se passer » !